mercredi 8 juillet 2015

IRAN la perse des mille et une nuits

Préjugés !!!
"Moi je ne te regarde pas , moi je ne te parle  pas , moi je ne te touche pas..."comme Malou  définit au prime abord le rapport homme femme dans ce pays . Effectivement , La première politesse ou le premier machisme se résume vraiment à ces 3 anti - contacts avec-la-femme -que -l'iranien -ne -connaît -pas. Mais si le mari ou le compagnon de ces femmes se présente et l'aborde il devient  courtois , chaleureux, drôle , accueillant , sincèrement intéressé...et parle alors ouvertement aux femmes en respectant tout de même les codes de la famille: pas de poignet de main , pas d'accolade trop voyante...etc. Les jeunes filles  au contraire (peut être du au quelques gestes d'ouverture du régime !!!)sont d'une grande spontanéité. Elles abordent les étrangers sans ambages . Et si elles ne s'enferment pas dans une austérité monacale ,elles  sont le plus souvent belles,  voire très belles , élégantes et raffinées même quand elles s'enveloppent de noir intégral. Sourcils géométriques, nez souvent  refait "à la parisienne ", bien sûr toujours du rouge aux lèvres ( 2ème consommatrice après la Chine ), foulards relookés, tuniques cintrées colorées silhouette extrêmement fine (morphologie persanne ?) elles sont partout l'antithèse de l'embargo! C'est sur Shéhérazade est iranienne !
photo D.Soler




Les Vamps

Bien sur , tout cela semble bien superficiel comme le nombre incroyable de boutique de vêtements sexy , mais comme toujours , la prohibition produit son contraire! Et derrière cette affirmation à tout prix ,il y a une grande curiosité , une envie d'échange , une sincère convivialité. Sur la route, les jeunes et particulièrement les filles nous font un accueil incroyable : Elle s'intéressent encore plus aux motos que les garçons. Photographiés, filmés, fêtés de leurs voitures, nous sommes très touchés par leurs marques de sympathie . Quand nous baladons dans les rues c'est la même chose : Ils nous proposent très souvent d'aller chez eux, de nous aider et de partager leur repas avec la famille. L'iranien s'intéresse à vous et aime vous prendre en charge !



Apres 10 ans passés au Maroc nous appréhendions le Ramazan : Période difficile pour les voyageurs , dans ce pays ,où une grande partie de la journée les boutiques ferment et où  l'observance du jeune est si strict ,que nous étions incapable de manger et de boire  devant les marocains . Ici l'opprobre  pour le voyageur casse croûtant ou fumant sa clope pendant le ramadan n'existe pas . Au contraire , on vous invite à boire de l'eau fraiche, à prendre un thé, à manger ...et les boutiques sont ouvertes toute la journée  et une partie de la nuit .Peux être respectent ils à la lettre , les interdits et les exceptions ( voyageurs, malades, femmes enceinte...) de la période du ramadan ???  Toujours est il que ,si voyager à moto pendant cette période est difficile , ce n'est nullement du au Ramadan dans ce pays, mais plutôt à la chaleur et à la conduite jusqu'au boutiste des iraniens! 

Itinérance!
Le passage à la frontière à MEHRI se passent bien. Les Solers ont un carnet de passage en douane pour leur moto : ils ont laissé en France ,à la banque ,une caution de 150% du prix de leur véhicule qu'ils récupérerons à leur retour.  Nous , nous avons choisi une option différente parce que  notre moto est neuve et le dépôt 
serait trop important : Apres les formalités , à la frontière  , nous avons rendez vous avec Hossein , connu sur les forums moto. Il n'est pas là comme prévu . Mais quelqu'un à la douane va s'occuper de nous à sa place. Au bout de 3 heures nous obtenons le papier vert.C'est un peu long mais nous avons payé en conséquence. Tous  les douaniers sont extrêmement gentils . Ils ont l'air d'être heureux de nous voir!!! Déjà quelques rencontres avec des iraniens très positives. Nous traversons la région de l'Azerbaijan. La route est sublime . Les camions roulent à domf ' mais ils nous lâchent amusés , sourires et welcomes ! Quelques difficultés avec la monnaie où les millions sont plus courants que les centaines . Moi même je crois que j'aurai jusqu'à la fin un peu de difficulté avec l'argent iranien. Heureusement Malou, la banquière , est d'office responsable de la bourse commune! 


Notre première halte sera à TABRIZ, capitale de la région Azerbaijan. Nous ne visitons  pas la mosquée Bleue mais le Bazar couvert avec ses voûtes  en petites briques , classé au patrimoine de l'Unesco . Nous nous laissons aller ces 2 jours au dépaysement complet qu'offre ce pays. 






Photo D.soler

Domi et Christian n'ont rien à ajouter,  à ajuster , à assortir à leur tenue de routard et ...personne à choquer. mais Malou et moi ,nous avons toutes les peines du monde à faire tenir ce foulard , que nous oublions régulièrement dans les couloirs des hôtels , où pourtant des hommes iraniens passent et nous regardent comme des femmes fautives! Et bien vite, même si nous osons quelques libertés avec les mèches qui dépassent, nous ne nous habituons jamais  à le porter constamment ,hormis bien sur dans nos  chambres  et sous le casque de moto,  en plus à 35°. Le hijad est de mise pour les femmes en Iran et gare aux oublieuses et aux provocatrices !!! Je rigole pour les touristes c'est plus cool! Pour compenser,  en cherchant des tuniques couvre-fesses pour Malou ,nous nous gavons de loukoums , de gâteaux au miel  et d'halva que Domi déniche toujours excellent! Le 4 juin c'est jour férié en Iran: C'est l'anniversaire  de la mort de l'imam Khomeiny  et partout il y a des photos des martyrs de la révolutions ...


Sur la route ,Christian cherche toujours de la 20W-50 (huile pour le moteur) même s'il en déjà en réserve! Domi a beau le rassurer ,il trouve toujours un petit tracas sur ce side . Bien sur, il est moins performant que prévu pour l'instant . Nous verrons qu'après le" débridage "du moteur , après 8000kms, le side marchera beaucoup mieux mais l'Oural est un véhicule russe ,plus fait pour fonctionner sur les terres froides qu'ici en  Iran à 44°!!!Nous roulons toujours entre 1500 m et 2500m et dans les  côtes il peine un peu . Nous arrivons rarement à dépasser les camions qui nous doublent toujours à toute berzingue ,à quelques centimètres du side , Itou pour la moto de Domi .Et Christian de répéter "s'ils pouvaient  ils me monteraient dessus". Sûrement habitude persanne ,car voitures et "bylettes" font de même à droite ou à gauche, peu importe . Bref des queues de poissons serrées un max de tous les côtés! 

 Dans les stations services, nous regrettons aussi les toilettes turques (qui ne le sont plus ) en Turquie dont nous avions moquées pourtant l'extrême modernité , tant elles étaient sophistiquées (entre autre une cellule en présentant  la main ouvrait et fermait les portes ..) : En Iran, tout est fait et contrôlé par les hommes dans la vie publique . La mesure étalon c' est l'homme ! Et dans les toilettes pour femmes , ils mettent les glaces à leur hauteur et la plupart du temps les femmes ne voient que le haut de leur voile! Comme au Maroc toutes les boutiques pour la gente féminine sont tenues par des hommes et pas de cabine d'essayage !



Quand nous le pouvons nous  essayons de faire des étapes de moins de 400kms . Cela pénalise Domi et Malou : La BMW s'essouffle beaucoup moins que le side sur les routes défoncées et montagneuses ! Nous arrivons à SAQQEZ dans la région du KURDISTAN. Des hommes athlétiques en pantalons bouffant , large ceinture et turban noir et blanc s'affairent dans leur boutique et dans la rue . Je pense , qu'ils portent tous cet habit pour un jour de fête, mais non ,les kurdes ont toujours ces vêtements et sont ainsi reconnaissables, partout dans le pays ! Ils représentent à peu près 13 % de la population. Ils sont aussi dans 3 autres états en Turquie, en Irak et en Syrie. 




L'état iranien reconnaît leur langue et leurs traditions mais ils n'ont aucune autonomie politique et administrative . Ils sont souvent persécutés dans la république islamique car le ciment de leur identité n'est pas la religion (ils sont en majorité musulmans mais peuvent être chrétiens ) mais bien leur langue et leur culture.

Le matin, en quittant l'hotel, nous voyons des tentes partout . Sur le terre plein, entre la 4 voies dans la ville,  à la sortie de la ville . Les familles entières hier qui picniquaient  sur le bord de la route ont planté leur tente tard dans la nuit. Le camping "sauvage" est très pratiqué  en Iran . Mais la plupart du temps dans les agglomérations seulement , des qu'il y a un peu d'herbe ou un trottoir assez grand . 















Enfin 
 un peu d'oxygène pour eux au milieu du CO2 ! Nous avons vu de plus près ces tentes chez un vendeur . Elles se plient et se montent en quelques secondes! 











Sur la route, en direction de HAMADA ,nous sommes arrêtés à un poste de police. Ils sont toujours fair play avec nous .Nous discutons un peu avec eux . A ce moment ,un Iranien arrêté un peu plus loin intervient . Il habite à une cinquantaine de kms de Hamadan et nous invite à passer la soirée chez lui . On  le retrouve un peu plus loin à un carrefour où il nous a donné rendez vous . Nous sommes bien reçus chez ses parents , qui nous gavent de jus de fruits, cerises du jardin,  pastèque...Nous découvrons également un intérieur iranien tapissé de partout et chaleureux , plus fait pour vivre par terre que autour d'une table!  Medhi , c'est le nom de ce jeune médecin , et deux de ses  frères insistent à nouveau ,pour que nous dormions chez eux. Nous hésitons et finalement nous préférons passer un long moment avec eux , poser plein de questions sur leur vie , se faire aider pour le reste du voyage et apprécier pleinement leur hospitalité. Nous dormons à Hamadan où il est toujours difficile d'éviter les fous du volant dans la ville! 
Une halte sympathique à Dorud où l'hôtel désastreux ne nous a pas empêchés d'apprécier la gentillesse des Iraniens qui nous invitent dans leur boutique pour capter la wifi et après chez eux pour dîner .

Le matin nous partons toujours avant Domi et Malou car nous respectons l'allure  de nos destriers!  Domi  lève tôt et non moins délicat vient toujours prendre une petite photo du départ et nous encourager car les distances sont longues en Iran  et nous sommes obligės de faire tous les jours 3 à 400 kms , ce qui est beaucoup pour le side , à 60km heure. Nous nous rejoignons quelques heures plus tard . Notre vécu d'itinérants peu être très différent , selon nos rencontres respectives . Les stations services sont assez  nombreuses mais plus équipées de mosquées que d'endroits frais pour siroter une bonne bière sans alcool! 


En  plus les petits restos sur la route sont rares , et les terrasses plutôt inexistantes! Alors on casse croûte le plus souvent sur le side en guettant la BM des amis!
Route sublime toujours en altitude ( 1500- 2500). Nous arrivons dans le centre d'ISPAHAN dans la cohue des voitures et des motocyclettes . Énormément de jeunes gens dans les rues. 60% de moins de 30 ans en Iran. 70% d'Iraniens vivent dans les villes. Nous commençons à nous en apercevoir!!! Une fois les motos vidées de leurs sac de voyages et garées dans un endroit sur , nous nous écroulons de fatigue dans les chambres d'hôtel . Nous allons rester 3 jours dans cette ville turbulente qui doit beaucoup son exeptionnel patrimoine à  CHAH ABBAS I  (17ème) ,même si son histoire est aussi ancienne que l'Iran .Nous allons adorer y découvrir la  surdimensionnée place de l'Imam ( la deuxieme plus grande du monde derriere la place Tiananmen à Pékin)  ses deux mosquées emblématiques, celle de l’Imam et celle de Cheikh Lotfallah: harmonie et beauté, muqarnas , motifs en faïence bleue, blanche et turquoise, briques brutes et émaillées , motifs floraux, calligraphie en stuc, soupiraux d'albâtre , rigueur et sobriété des voûtes ... Le très beau palais d’Ali Qapu avec son envoûtante salle de musique, le Chehel Sotoun aux quarante colonnes (qui n’en comporte que dix-huit et triche avec les reflets de ses pièces d'eaux) et ses fresques coquines où l'on voit un prince embrasser le pied d'une jeune femme dénudée ! Censurée mais pas détruite la fresque est toujours exposée !!! Dans ces lieux , nous y faisons des rencontres...en dégustant le célèbre dessert  le "faloodeh "(eau de rose, vermicelle chinois ou orge perlée , jus de citron et glace au safran) 
Nous rencontrons Samira . Elle vit à Gand , en Belgique et retrouve à Ispahan, chaque année , une partie de sa famille . Et ce soir comme beaucoup de gens autour de nous ses oncles , tantes et cousins picniquent sur la place  de l'Imam . Ils sont une vingtaine et nous nous joignons à eux pour le dîner . L'étranger est accueilli sans aucune gêne, et même invité à  chanter un air de chez lui.








 Les  jardins , les rues commerçantes , les bords de la rivière sont aussi des lieux pour faire des rencontres. Le Zayendeh Rud la rivière qui a  fait d'ISPAHAN une oasis a été détournée en partie  pour irriguer d'autres régions ( celles de  Yazd et de Kerman) Mais les  ponts d'ISPAHAN restent avec la place de l'imam les lieux de promenade préfèrés des habitants : 
Le pont KHADJOU où les gens s'assoient sur les marches tout près de l'eau le soir à la fraîcheur, le pont SI-O-SEH  ( 33 arches) impressionnant,  où les jeunes peuvent échapper un peu aux regards de la police des mœurs , Le SHARESTAN de la période sassanide où chaque arche a une mosaïque différente et où insolite une librairie  s' est lovée dans une des  tours..





Je n'ose pas m'aventurer dans les bars à Qalyan (chicha) ,  seulement , je suppose , accessibles  à la gente masculine. Pourtant  ils ont l'air plus orientaux que machos ces hommes alanguis sur les Tapchans .
 Décontraction des filles à l'intérieur d'un appart -salon -de -coiffure ou nous nous abandonnons à leur savoir faire avec Malou! Bonne humeur et gentillesse sont de mise . On apprécie... Les hommes pendant ce temps  sont à la recherche de bougies pour la moto dans une zone industrielle . A chacun ses petits bonheurs!
Petite balade dans le quartier arménien où vit encore une importante communauté.(l'Iran  a été  un des premiers pays à reconnaître le génocide arménien). Nous visitons la cathédrale saint Sauveur où de superbes peintures racontent la vie de saint Grégoire. 
























Dans un bar , un peu planqués , des jeunes garçons et filles fument la clope et parlent tatouage !  Un soir nous osons le très célèbre hôtel ABASSI ouvert à tout public. Beaucoup d'iraniens viennent y manger la célèbre soupe ASHERESHE (nouilles -haricot-légumes-oignons). Nous faisons de même et après, un sucre entre les dents, nous susurrons un thé comme tout Perse!
 Kebabs , bademjum, Ash (soupes)  requinquantes , riz -toujours- cuit -parfaitement, glace à la grenade, falafels, jus frais et fruits secs ,yaourts naturels délicieux , concombre et cornichons à toutes les sauces ,  bières fruitées au choix sans alcool et bien sur le délicieux et bienvenu halva que Dominique achète principalement pour nous 2...Presque tous les jours!!! Bien sur notre itinérance de motards ne nous permettra pas toujours de goûter le meilleur ...mais quel plaisir de manger à croupetons sur les Tapchans  et de se caler sous la clim des petits restos  de kebabs quand il fait 38°!
Je quitte à regret cette  ville où il y a une certaine douceur de vivre...Étonnante  au pays des Mollahs!!!
Nous dormons à côté des ruines de PERSEPOLIS dans un hôtel jardin. Révision de l'Ural: vidange de la boîte et du pont, réglage des culbuteurs... 





Visite des vestiges dans ce cadre grandiose où Darius et ses successeurs , 500 ans avant Jésus Christ recevaient en grande pompe les vassaux de l'empire Achemide pour la fête du nouvel an. Entre deux ruines, sous 40° , nous nous aspergeons avec l'eau glacée des fontaines en alu  que l'on trouve un peu partout en Iran. Il y a des  limites à la contemplation! Alexandre le Grand un jour d'ivresse après un banquet a-t-il oui ou non fait incendier cette cité pour se  venger de l'affront  que XERXES avait infligé à Athènes , lui , qui grand seigneur , ne  saccageait jamais ses belles conquêtes . That is the question ?



À quelques kilomètres du site de Persepolis un site achéménide et sassanide remarquable : NAQSH-e RUSTAM quatre tombes sont taillées dans le rocher vertical. Une est sûrement le tombeau de Darius , les autres restent hypothétiques. Très beaux bas reliefs .



Nous rencontrons un jeune couple qui voyage depuis la Chine en transport en commun. Echanges! 
Les Soler partent pour SHIRAZ. Les Laroche restent un jour de plus à Persepolis . Mar des grandes villes .Un peu de farniente dans la verdure et pouvoir se débâcher à l'abri des regards masculins fait du bien! Nous allons directement à YAZD et  partons avec le chant du Muezzin ( extrêmement discret en Iran ) . Désert rocailleux gris , lacs, dômes des yakhdâns (immenses glaciaires ), Tours  du silence , caravansérails : Route sublime jusqu'à  cette oasis. Et en altitude et dans la fournaise (+ de 40)  l'Ural commence à s'adapter à la chauffe! Demain nous retrouverons Domi et Malou.Avant les grandes  civilisations il y avait celle des perses. 

Et YAZD existait déjà entre ces deux gigantesques déserts : Le DASHT-e KHAUR et le DASHT-e LUTH!  Une des plus anciennes du monde:   Deux millénaires peut être ! Tout est brûlant ce jour à YAZD. Les murs, la moindre brise. En plein midi avec Malou à la recherche  d'une boutique de jus frais que nous ne trouverons jamais nous longeons les murs afin de suivre un filet d'ombre. Mais la vieille cité s'est toujours protégée du climat désertique d'une manière originale : Le lendemain nous nous étiolons sous la chaleur après avoir visité la mosquée du Vendredi. Puis nous nous égarons dans son dédale de ruelles et de voûtes ombragées , à la recherche du tombeau des 12 Imams , de la prison d'Alexandre, de quelque boulangerie que Domi a repéré...Et nous y découvrons des maisons traditionnelles plongeant en sous sol pour s'ouvrir sur des cours intérieures. Des toits, où nous grimpons comme des trentenaires , suivis par les gamins du quartier, nous admirons ces tours du vent ,




 ces BADGIRS  .  Ces hautes  tourelles  à claire-voie capturent l'air rafraîchi par l'eau d'un bassin intérieur,  lequel descend ensuite ventiler toute la maison.  Des toitures en forme de dôme permettent d'abaisser la température de l'eau jusqu'à 20°en été et apportent  avec la verdure et les bassins fraîcheur et humidité. En plus de cette climatisation séculaire il existe un système de canaux souterrains, "les qanâts "qui acheminent l'eau dans les différents quartiers . 50 000 qanâts à peu près toujours entretenus. Astucieux ces anciens! 
Quelque part dans la nouvelle ville  , dans un temple zoroastrien, sans interruption , un feu brûle depuis  1400 ans. Le zoroastrisme développé en Iran au VII éme siècle av JC et est devenu la religion officielle de l'empire Sassanide qui a régné sur le pays durant 4 siecles  avant la conquête des arabes. Il a résisté à l'extinction : Maintenant il reste à peu près 30 000 adeptes en Iran + moi  prochainement : L'idée d'être dévorée à l'air libre par les rapaces après ma mort me convient très bien  !!! Nous visitons le musée de l'eau et une galerie d'art. Meubles et objets nous plaisent. Simplicité et imagination sont de mise. Pas toujours facile de s'exprimer dans ce pays. Mais il ne faut pas oublier qu'il y a des jeunes qui aiment faire la fête, des internautes branchés qui transgressent les interdits pour avoir leur profil Facebook grâce à des VPN ( Christian n'arrivera pas à en faire fonctionner un !!) et des jeunes filles qui ont fait de leur austère foulard un accessoire de mode au service de leur féminité... Nous rejoignons notre caravansérail ventilé moderne. Un jeune français et son ami désespèrent de jouer au backgammon avec deux très jolies iraniennes. Interdit ! Nous compatissons! Et  pourtant qu'ils sont agréables ces iraniens et iraniennes . Comme ils aiment nous parler, s'occuper de nous ! Comme ils sont curieux et enthousiastes! Que se passe t-il derrière ces murs brûlants! ? Sous ces légers chadors? Sur ces "bylettes"? qui emportent filles et garçons dans un nuage de sable...avec une telle légèreté...vers une éphémère liberté...
L'oasis fut autrefois un haut lieu du commerce de la soie . Et la ville a encore cette vocation marchande. Maintenant des centaines de camions ont remplacé les caravanes. Sur la route ils  transportent des choses moins romantiques,  en crachant une fumée noire sur la 4voie défoncée où jonchent d'énormes lambeaux de pneus . Des cartons remplis de pieces made in China transitent par Yazd et Mashaad et finiront en produits finis à Téhéran et Ispahan  . Les  sanctions occidentales contre l'Iran l'oblige à commercer massivement avec la Chine et l'Inde . Malou ne t'inquiète pas ta jolie nappe en fils de soie est sûrement faites dans le coin. Les chinois n'exporte pas ce savoir faire!
Nous remontons vers MASHHAD. 
Nous arrivons à TABAS à plus de 43°, apres 360 kms dans la cohue des camions. Les bylettes vont bon train sur la route poussiéreuse malgré la chaleur et le Ramazan . Pour nous rendre à GONABAD nous passons par une petite route de montagne magnifique. Quelques gouttes de pluie bienvenues en arrivant . Les Soler qui ne ratent jamais une pierre visitent un qanât. Nous , nous faisons la sieste.Nous arrivons avec l'aide d'un mashaddi ,une fesse sur le porte bagage du panier où je dégouline (+ de 40°à midi notre heure préférée!!!) dans la cour de l'hôtel (la cour des miracles c'est pour demain!). Ça brasse pas mal dans cette ville. L'expression " le monde est un grand marché "ne sait jamais aussi bien associé à ce lieu saint chiite. Bien sur il en faut des souvenirs et de la bouffe pour 20 millions de pélerins et pas mal de touristes pas pélerin du tout. L'appart de l'hôtel est super pour nous 4 avec la clim à domf dans les chambres et une soufflerie tiède dans le salon! Ça permet de sécher le linge encore plus rapidement ! Le réceptionniste est un cinéphile qui ressemble à Jean Luc Godard , amoureux de la nouvelle vague des acteurs français des années 60/70! Et il répond à nos questions d'intendance en regardant  "sur les quais" avec Marlo Brando! Nous récupérons quand même deux chadors pour visiter le sanctuaire sacré de l'Imâm Rezâ , huitième Imam des chiites duodécimains, mort par empoisonnement en 818 , par le calife abbasside al Ma-mûn. La veille, en nous baladant dans la ville , nous étions à contre sens du tourbillon noir qui revenaient du Mausolée, mais nous avons repéré maintenant le sens du défilé. Fouille serrée  à l'entrée . Les appareils photos restent au vestiaire.  Seuls les portables sont admis mais inspectés. Je ne me ferai jamais à cette inspection de l'intime qu'ils pratiquent dans ces pays!  Mais nécessaire ces jours : En 1994 une bombe a éclaté dans une des cours du sanctuaire et a tué 25 personnes. Une jeune femme bénévole va nous guider dans cet immense espace sacré,  divisé  en plusieurs cours où nous pourrons , où pas,  entrer. Sanctuaire remarquable par sa magnificence ( il faudrait rester des mois pour regarder toutes les mosaïques des différents  portiques, tours, porches, minarets, dômes, corniches...) et son éthique : l'ensemble  forme un "bast"  un refuge pour les gens persécutés ou les forces armées ne peuvent pas entrer !!! Comme normalement on peut se réfugier dans une église. Le plus souvent nous regardons l'intérieur des cours par les immenses portes d'entrées que les non musulmans ne peuvent franchir... En Chadors, turbans , robes blanches... Iraniens et étrangers musulmans se pressent  dans la salle du tombeau pour le toucher , l'embrasser. En ressortant de cette pièce , ils seront devenus "Mashtis' comme en allant à la Mecque ils deviennent "Hadj"! Nous,  simples touristes , avons droit , dans une mosquée climatisée, à un film sur Mashaad , un entretien avec un Iman-publics -relations très ouvert ( comme il le dit) qui nous parle de Voltaire, de Descartes , de la France rationnelle et pensante mais  souvent mal pensante envers l'Iran incompris et dénigré!!! En gros à la fin du discours  unilatéral : il aime les français, apprécie l'américain bon enfant et enthousiaste...mais peu les anglais et encore moins les Irlandais. Why not! Le Vatican , j'espère , en a de plus religieusement corrects! Nous le quittons  avec un handybag rempli de belles images légendées en français offert par...la mosquée : Tous les dons effectués à l'occasion des pèlerinages sont gérés par une fondation qui est devenue richissime et permet à tout  Mashaddi  de travailler dans une de ses entreprises . Elle possède même une université! 






Tapis persans fabuleux, miniatures persanes , objets d'art offerts par les différents chefs d'états , beaucoup de silver and gold pour des portes sculptées très anciennes...Avec Malou , vêtues du tchador noir intégral et lunettes de soleil bandeau nous visitons les différents musées de ce Mausolée , avec une élégance peu routarde!
En sortant du lieu saint ,  une jeune femme écartant son tchador , me fait le signe de la victoire en souriant, avec cet air complice qu'elles ont avec les femmes étrangères qui leur plaisent. Un geste qui me bouleverse dans ce pays .


Demain nous ne serons plus que tous les 2 avec Christian , pour continuer le voyage vers l'est... Malou et Domi partent vers le nord , vers la mer Caspienne...La délicatesse et la gentillesse des Soler vont nous manquer mais leur amitié nous fera chaud au coeur dans les moments difficiles.

Apres demain nous passons la frontière du TURKMÉNISTAN !